jeudi 26 janvier 2012
jeudi 19 janvier 2012
Le "goût des déchirements" des personnages de Dostoïevski, de préférence avec du sang Karamazov dans les veines. Mais pas que.
Cette tendance, cet attrait orgueilleux pour la beauté du mal, la souffrance et la débauche est particulièrement présente chez Dmitri Fiodorovitch Karamazov. Il le raconte lui-même, à son frère Aliocha . Il lui raconte à travers une métaphore. Il est au bord d'un gouffre, d'un précipice, il est attiré par le vide, irrémédiablement, il sait que la chute est fatale, il redoute la douleur et en même temps il ne peut s'empêcher de se jeter, de plonger la tête la première "les pieds en l'air" , et d'aimer ça, de se voir tomber, d'en souffrir mais aussi d'y prendre goût.
" Car je suis un Karamazov, et lorsque je tombe dans l'abîme, je m'y précipite en plein, la tête la première, et les pieds en l'air. Je me sens même heureux, alors, de tomber de façon aussi humiliante, et j'en éprouve une sorte de jouissance esthétique. Au moment où je touche ainsi le fond de l'ignominie, j'entonne un hymne."
Je ne sais pas pourquoi; je crois par son ambivalence profonde, son ambiguïté, ce personnage me fascine.
J'ai un peu honte ( et j'entends déjà Dostoïevski s'énerver contre moi dans sa tombe) mais il fait penser à Chuck Bass.
Ou plutôt non, l'inverse. J'ai l'impression que Chuck est l'une des multiples ( et pâles) copies de Dmitri Karamazov - que l'on peut également retrouver dans de nombreux films, séries, etc ... ; que ce personnage inventé par Dostoïevski, par son aura, cette fascination étrange et dérangeante qu'il inspire, est devenu un archétype, beaucoup imité, ... ( bon, pas forcément directement ) mais rarement égalé.
(bon je me rattrape, Fédor peut se rassurer).
Encore que, à la même époque, à la fin du XIXème siècle, on peut trouver des personnages du même genre. En moins russe. Dorian Gray, dans le roman d'Oscar Wilde, par exemple.
Mais je n'en suis qu'au début du livre. Autour de la page disons ... 400 ... Haha. Les romanciers russes sont tout aussi géniaux que prolifiques.
Je me plonge dedans (presque) comme je lirais un tome d'Harry Potter et je suis absorbée par l'histoire, je suis les personnages dans leurs méandres et leurs conflits, et j'en sors imprégnée de cet atmosphère âpre, triste et beau à la fois, calciné par les flammes des passions de ces personnages qui se déchirent.
Et un peu comme l'atmosphère de ces photos, à lui.
Cette tendance, cet attrait orgueilleux pour la beauté du mal, la souffrance et la débauche est particulièrement présente chez Dmitri Fiodorovitch Karamazov. Il le raconte lui-même, à son frère Aliocha . Il lui raconte à travers une métaphore. Il est au bord d'un gouffre, d'un précipice, il est attiré par le vide, irrémédiablement, il sait que la chute est fatale, il redoute la douleur et en même temps il ne peut s'empêcher de se jeter, de plonger la tête la première "les pieds en l'air" , et d'aimer ça, de se voir tomber, d'en souffrir mais aussi d'y prendre goût.
" Car je suis un Karamazov, et lorsque je tombe dans l'abîme, je m'y précipite en plein, la tête la première, et les pieds en l'air. Je me sens même heureux, alors, de tomber de façon aussi humiliante, et j'en éprouve une sorte de jouissance esthétique. Au moment où je touche ainsi le fond de l'ignominie, j'entonne un hymne."
Je ne sais pas pourquoi; je crois par son ambivalence profonde, son ambiguïté, ce personnage me fascine.
J'ai un peu honte ( et j'entends déjà Dostoïevski s'énerver contre moi dans sa tombe) mais il fait penser à Chuck Bass.
Ou plutôt non, l'inverse. J'ai l'impression que Chuck est l'une des multiples ( et pâles) copies de Dmitri Karamazov - que l'on peut également retrouver dans de nombreux films, séries, etc ... ; que ce personnage inventé par Dostoïevski, par son aura, cette fascination étrange et dérangeante qu'il inspire, est devenu un archétype, beaucoup imité, ... ( bon, pas forcément directement ) mais rarement égalé.
(bon je me rattrape, Fédor peut se rassurer).
Encore que, à la même époque, à la fin du XIXème siècle, on peut trouver des personnages du même genre. En moins russe. Dorian Gray, dans le roman d'Oscar Wilde, par exemple.
Mais je n'en suis qu'au début du livre. Autour de la page disons ... 400 ... Haha. Les romanciers russes sont tout aussi géniaux que prolifiques.
Je me plonge dedans (presque) comme je lirais un tome d'Harry Potter et je suis absorbée par l'histoire, je suis les personnages dans leurs méandres et leurs conflits, et j'en sors imprégnée de cet atmosphère âpre, triste et beau à la fois, calciné par les flammes des passions de ces personnages qui se déchirent.
Et un peu comme l'atmosphère de ces photos, à lui.
jeudi 12 janvier 2012
Portrait
Dandys de Constantin Guys |
« Il crayonne un de ses dandys sur le papier, lui donne toujours son caractère historique, légendaire même, oserais-je dire, s’il n’était pas question du temps présent et de choses considérées généralement comme folâtres ? C’est bien là cette légèreté d’allures, cette certitude de manières, cette simplicité dans l’air de domination, cette façon de porter un habit et de diriger un cheval, ces attitudes toujours calmes mais révélant la force, qui nous font penser, quand notre regard découvre un de ces êtres privilégiés en qui le joli et le redoutable se confondent si mystérieusement : « Voilà peut-être un homme riche, mais plus certainement un Hercule sans emploi. »
Charles Baudelaire.
Le Dandysme
Bon,
je vois que je cite Baudelaire un peu n'importe comment et n'importe
quand; alors j'arrête, j'écris un article sur lui. Enfin, pas sur
lui à proprement dit. Ni sur sa poésie d'ailleurs.
Sur
ses écrits « périphériques » disont. L'un d'eux en
particulier : Le peintre de la vie moderne, écrit en 1859. Ce
recueil d'essais est un éloge du peintre et aquarelliste Constantin
Guys, que Baudelaire admirait notamment pour la vision qu'il donnait
de son temps, des hommes, de la beauté et de la modernité. Ce texte
critique est l'occasion pour Baudelaire de développer ses propres
idées sur ces thèmes, et notamment celui du dandysme, qui,
rétrospectivement lui est associé, mais un peu comme une étiquette
toute faite : « oh oui Baudelaire, c'était un vrai dandy » sans que l'on sache vraiment ce que ça veut dire. Ce
texte permet de saisir ce qu'était véritablement - pour lui – le
dandysme.
Et
cela va bien plus loin qu'une simple élégance, et n'est même pas
forcément lié à un goût particulier pour la mode. Ces deux
éléments auxquels on a tendance à réduire le dandysme sont des
conséquences du dandysme; ils ne sont pas à sa racine :
« Le dandysme n’est même pas, comme beaucoup de personnes peu
réfléchies paraissent le croire, un goût immodéré de la toilette
et de l’élégance matérielle. Ces choses ne sont pour le parfait
dandy qu’un symbole de la supériorité aristocratique de son
esprit. Aussi, à ses yeux, épris avant tout de distinction, la
perfection de la toilette consiste-t-elle dans la simplicité
absolue, qui est, en effet, la meilleure manière de se distinguer. »
A
son origine donc se trouve une forte volonté de se distinguer, de se démarquer du peuple : mais pas dans une volonté de monter en
haut d'une échelle sociale comme peut le faire une bourgeoisie
arriviste, avide d'argent, (cf. les romans de Balzac, Zola,.. ) « le
dandy n’aspire pas à l’argent comme à une chose essentielle ;
un crédit indéfini pourrait lui suffire ; il abandonne cette
grossière passion aux mortels vulgaires. »
Il
veut plutôt, par le dandysme, trouver une posture qui lui permette
de délégitimer cette échelle même, de se libérer du conformisme
qu'elle impose, et de préserver son indépendance.
« Que
ces hommes se fassent nommer raffinés, incroyables, beaux, lions ou
dandys, tous sont issus d’une même origine ; tous participent
du même caractère d’opposition et de révolte »
« Le dandysme, (..) est une institution en dehors des lois.»
Mais
pour autant le dandysme n'est pas une sorte d'anarchisme, où tout
deviendrait permis. Il est, au contraire, une forme de religion,
d'ascétisme, essentiels dans cette quête de distinction. « C’est
avant tout le besoin ardent de se faire une originalité, contenu
dans les limites extérieures des convenances ». Ce qui passe par «
des lois rigoureuses auxquelles sont strictement soumis tous ses
sujets, quelles que soient d’ailleurs la fougue et l’indépendance
de leur caractère. »
Une
religion sans Dieu, où le seul culte est celui voué à soi
même, et au Beau. Le dandy est un esthète narcissique :
« Ces
êtres n’ont pas d’autre état que de cultiver l’idée du beau
dans leur personne, de satisfaire leurs passions, de sentir et de
penser.
Cette
élégance qui lui est propre vient de ce culte, de cette discipline
imposée à soi-même, pour toujours être meilleur; c'est un refus
orgueilleux : refuser de se laisser couler dans le moule du commun, de la normalité, et par là, de la vulgarité :
«
Tous sont des représentants de ce qu’il y a de meilleur dans
l’orgueil humain, de ce besoin, trop rare chez ceux d’aujourd’hui,
de combattre et de détruire la trivialité. De là naît, chez les
dandys, cette attitude hautaine de caste provocante, même dans sa
froideur. »
Cette
définition du dandysme permet d'expliquer cette indifférence, ce
dédain, qu'il arbore en toute situation, et qui est l'un des traits
caractéristiques de son élégance :
« Le
caractère de beauté du dandy consiste surtout dans l’air froid
qui vient de l’inébranlable résolution de ne pas être ému ;
on dirait un feu latent qui se fait deviner, qui pourrait mais qui ne
veut pas rayonner.»
Mais
le dandy n'est pas seulement un narcissique amoureux de
son reflet (même si, c'est un peu le cas quand même : « Le
dandy doit aspirer à être sublime, sans interruption. Il doit vivre
et dormir devant un miroir. »
)
Car
ce culte de soi ne se réduit pas à un culte de l'apparence. Il est
aussi un culte des passions, qui permet au dandy d'être dans une
double dynamique, d'être à la fois tourné vers lui-même, mais
aussi, et par là même, tourné vers le monde : ce qui lui permet de
ne pas se noyer dans son reflet.
On
peut sentir la marque de son époque, de ce milieu du XIXème siècle
dans les propos du poète. Mais pour autant ceux-ci ne sont pas
entièrement enracinés dans les circonstances de l'époque. Baudelaire
replace ainsi cette « institution » dans une perspective
dynamique, historique et politique :
« Le
dandysme apparaît surtout aux époques transitoires où la
démocratie n’est pas encore toute-puissante, où l’aristocratie
n’est que partiellement chancelante et avilie. (..) Le dandysme est le dernier éclat d’héroïsme dans les décadences. (...) Mais,
hélas ! la marée montante de la démocratie, qui envahit tout
et qui nivelle tout, noie jour à jour ces derniers représentants de
l’orgueil humain et verse des flots d’oubli sur les traces de ces
prodigieux myrmidons. »
Il
semble que Baudelaire ait été un peu optimiste sur cette capacité
de nivellement de la démocratie, qui, pour lui, en tendant vers
l'égalité, tendait à la fois vers une normalisation de tous et une acceptation, par principes, de cette normalité, une acceptation du fait d'être
« comme tout le monde », parce qu' « on est
tous égaux ». D'après cette vision des choses qui est la
sienne, on comprend bien comme la démocratie risquait, pour lui, de
mener au règne de la vulgarité – vulgaire pris dans son sens
premier de ce « qui
concerne le peuple,
le quidam, le personnage quelconque. ».
Pourtant,
si la "démocratie" est bien là, l'égalité de fait n'est pas pour
aujourd’hui. Et ce orgueil humain dont les dandys sont les
représentants est loin d'avoir disparu. L'individualisme, qui semble
intimement lié à l'orgueil, s'est au contraire répandu, et je ne prendrais pas trop de risques en disant que cet
individualisme est l'une des principales caractéristiques de notre
société actuelle.
On
sent le paradoxe apparaître : le dandysme tend à se répandre,
alors qu'il prenait sens dans le fait qu'il ne concernait qu'une
minorité. Il se retrouve par exemple dans cette culture, cette mode
de « l'art de vivre », qui passe par la décoration, la
cuisine, la mode (vestimentaire), …
Ou
encore dans ces blogs sur internet (haha) où chacun veut « cultiver
son jardin ».
Mais si tout le monde est unique, personne ne se distingue. En ce sens,
Baudelaire avait touchait juste en prévoyant la disparition du dandysme,
mais pas pour les bonnes raisons : le dandysme s'éteint par parce que
l'orgueil qui est à sa source se répand, et non parce qu'il
disparaît.
Encore
que … à regarder de plus près, ce raisonnement tient pour une
définition flexible du dandysme, un dandysme porté avant tout sur
les choses matérielles, dont le but est devenu la distinction, pour elle-même.
Le
vrai dandy, celui qui s'impose cette discipline, cet ascétisme, dans
une sorte de but autodidacte de s'élever, soi-même, culturellement,
esthétiquement et dans la simplicité, est peut-être moins répandu, mais il ne parvient
plus forcément à se distinguer comme c'était, indirectement, le cas au
XIXème siècle : la distinction est devenue une marque de la
vulgarité (l'expression « bling bling » et ce qu'elle
peut évoquer en est d'ailleurs un parfait exemple).
Hmm...
Considérations
trop générales et simplificatrices pour être
prises entièrement au premier degré. J'en doute moi-même alors que
je viens de les écrire.
Le
fait que l'expression « bling bling » soit péjorative
ne montre-t-il pas que ceux qui considèrent ce phénomène comme vulgaire ne sont eux aussi (mais différemment) dans une logique de distinction en imposant cette idée ?
Bref.
« La société » (qui d'ailleurs, c'est bien connu,
n'existe pas) est trop large, et parcourue de dynamiques trop complexes, et contradictoires, pour que des propos englobant ne
tronquent pas la réalité.
Et puis c'est un peu vain de chercher qui sont les dandys d'aujourd'hui. Le dandy est plus un idéal (vers qui certains peuvent tendre) qu'une réalité. Et si certains y parviennent, je pense qu'ils sont un peu névrosés. Ce contrôle, cette maîtrise de soi permanente que s'impose le dandy me semble excessive ... et une source potentielle d'effets pervers : Baudelaire oscillait entre discipline, bonnes résolutions ... et débauche totale.
Et puis c'est un peu vain de chercher qui sont les dandys d'aujourd'hui. Le dandy est plus un idéal (vers qui certains peuvent tendre) qu'une réalité. Et si certains y parviennent, je pense qu'ils sont un peu névrosés. Ce contrôle, cette maîtrise de soi permanente que s'impose le dandy me semble excessive ... et une source potentielle d'effets pervers : Baudelaire oscillait entre discipline, bonnes résolutions ... et débauche totale.
Mais
vérité mise à part, ( le blog s'appelle « pensées
frappées » et non « pensées érudites » ou je ne
sais quoi, de toute façon ) je trouve ça intéressant, et amusant,
de tenter de voir le monde actuel à travers cette vision
baudelairienne des choses.
Même
si le but premier de mon article n'était pas du tout d'en venir là d'ailleurs.
Sur ce, je m'en vais lire La distinction de Bourdieu.
Portrait (bis). Oscar Wilde
Mais Baudelaire n'a pas le monopole du dandysme.
Oscar Wilde, romancier anglais, était lui aussi un membre de cette "institution".
" The aim of life is self-development. To realize one's nature perfectly - that is what each of us is here for."
Et quelques autres citations :
la bien connue..
" Je peux résister à tout, sauf à la tentation"
Mais aussi...
" La vie imite l'Art bien plus que l'Art n'imite la vie"
" La littérature anticipe toujours la vie. Elle ne la copie point, mais la moule à ses fins"
"La vraie valeur d'un homme réside non dans ce qu'il a mais dans ce qu'il est"
Oscar Wilde himself |
"Je ne voyage jamais sans mon journal intime : il faut toujours avoir quelque chose de sensationnel à lire dans le train"
Mais lister des citations (aussi géniales ou drôles -quoi que parfois un peu galvaudées- soient-elles) reste assez artificiel.
La meilleure chose est à faire est d'aller lire Le portrait de Dorian Gray.
dimanche 8 janvier 2012
Couleurs si finement travaillées, si éblouissantes. Et ce jeu de miroir qui ferait rêver un romantique.
Oui je bave.
Je bave parce que savoir se démarquer en délicatesse comme le fait Ingres c’est le summum de l’élégance. Il n’a pas besoin de choquer ni de transgresser les règles, ni même de chercher le nouveau à tout prix. Je veux croire que c’est plus fort que lui. Qu’il ne peut qu’être mieux.
Vrai faux académique
Jean Auguste Dominique Ingres. Le prénom annonce la couleur.
Ce jeune homme sera classique. Son parcours le sera : même métier que papa, entrer à l’académie de peinture de Toulouse, monter à Paris pour devenir l’élève d’un maître.. et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de David. Sans oublier le prix de Rome, récompense accompagnée d’un voyage sur la terre promise du classique, l’Italie. Ingres est un néo-classique jusqu’au bout des ongles. Il prône le trait sur la couleur, il travail en atelier et imite les anciens comme la nature.
Hum. Alors pourquoi son travail est-il…juste, lui, inimitable ?
Oublions les détails techniques :
- Il privilégie le trait mais sa couleur s’échappe.
- Il suit les codes esthétiques, pourtant les normes trop imparfaites de la réalité deviennent harmonie onirique.
- Il peint un modèle surréaliste mais d’où s’échappent ambiance, odeur, sensualité, force.
Veuillez pardonner le manque de connexion, de logique, de connecteur logique de ce dernier paragraphe. J’ai dû avoir une absence.
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