jeudi 19 janvier 2012

   Le "goût des déchirements" des personnages de Dostoïevski, de préférence avec du sang Karamazov dans les veines. Mais pas que.
  Cette tendance, cet attrait orgueilleux pour la beauté du mal, la souffrance et la débauche est particulièrement présente chez Dmitri Fiodorovitch Karamazov. Il le raconte lui-même, à son frère Aliocha . Il lui raconte à travers une métaphore. Il est au bord d'un gouffre, d'un précipice, il est attiré par le vide, irrémédiablement, il sait que la chute est fatale, il redoute la douleur et en même temps il ne peut s'empêcher de se jeter, de plonger la tête la première "les pieds en l'air" , et d'aimer ça, de se voir tomber, d'en souffrir mais aussi d'y prendre goût.
" Car je suis un Karamazov, et lorsque je tombe dans l'abîme, je m'y précipite en plein, la tête la première, et  les pieds en l'air. Je me sens même heureux, alors, de tomber de façon aussi humiliante, et j'en éprouve une sorte de jouissance esthétique. Au moment où je touche ainsi le fond de l'ignominie, j'entonne un hymne."

Je ne sais pas pourquoi; je crois par son ambivalence profonde, son ambiguïté, ce personnage me fascine.

J'ai un peu honte ( et j'entends déjà Dostoïevski s'énerver contre moi dans sa tombe) mais il fait penser à Chuck Bass.
Ou plutôt non, l'inverse. J'ai l'impression que Chuck est l'une des multiples ( et pâles) copies de Dmitri Karamazov - que l'on peut également retrouver dans de nombreux films, séries, etc ... ; que ce personnage inventé par Dostoïevski, par son aura, cette fascination étrange et dérangeante qu'il inspire, est devenu un archétype, beaucoup imité, ... ( bon, pas forcément directement ) mais rarement égalé.
(bon je me rattrape, Fédor peut se rassurer).

Encore que, à la même époque, à la fin du XIXème siècle, on peut trouver des personnages du même genre. En moins russe. Dorian Gray, dans le roman d'Oscar Wilde, par exemple.

  Mais je n'en suis qu'au début du livre. Autour de la page disons ... 400 ... Haha. Les romanciers russes sont tout aussi géniaux que prolifiques.
  Je me plonge dedans (presque) comme je lirais un tome d'Harry Potter et je suis absorbée par l'histoire, je suis les personnages dans leurs méandres et leurs conflits, et j'en sors imprégnée de cet atmosphère âpre, triste et beau à la fois, calciné par les flammes des passions de ces personnages qui se déchirent.
Et un peu comme l'atmosphère de ces photos, à lui.


1 commentaire:

  1. Même si limite blasphème, j'apprécie les liaisons avec la culture DjeunSe. Ça me donne l'impression que Dostoïevski, en fait, c'est prononçable.

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